27 juillet, Epidaure
Une journée complète d'excursion : direction plein est en sortant de Nauplie, on traverse la péninsule la plus orientale du Péloponnèse et au bout de 30 petits kilomètres d'une route impeccable, nous y voici. Le parking pourrait accueillir 2000 voiture au moins, il y en a une petite vingtaine et un car lorsque nous arrivons comme d'habitude assez tardivement (11 heures bien sonnées). Est-ce une baisse abyssale du tourisme ? Ou un surdimensionnement dû à une confiance immodérée dans les capacités de développement du pays ? Toujours est-il qu'on réussit à choisir un emplacement à l'ombre.
Epidaure est célèbre, à juste titre, pour son théâtre. Nous commençons par là. C'est effectivement impressionnant tant par les dimensions que par le bon état du monument. Adossé à une colline, il a été édifié à la fin du 4ème ou au début du 3ème siècle avant J.C., puis rehaussé au 2ème siècle pour atteindre une capacité de 12 000 places. Seules les ailes ont eu besoin de restauration. L'acoustique est étonnante : un groupe de voyageurs asiatiques (Japonais ? Coréens ?) en faisaient la démonstration lorsque nous sommes arrivés. Une femme s'est mise à chanter, et sa voix (très belle, d'ailleurs) portait sans problème jusqu'aux derniers gradins où nous nous étions installés. Un des ses compatriotes l'a suivi, avec un talent moindre mais la même efficacité.
Le théâtre servait initialement à des représentations et à des concours de poésie liés au culte d'Asclépios (Esculape en latin), dieu guérisseur. Le sanctuaire d'Asclepios était d'ailleurs le site majeur d'Epidaure. Aujourd'hui, ce sont surtout des ruines entre lesquelles nous avons pu flâner, passant d'une ombre de chêne vert à l'autre pour éviter l'insolation. Mais un travail de reconstitution de certains bâtiments a été entamé, à but sans doute plus didactique qu'esthétique car les apports récents se voient beaucoup. Pas sûr que la situation financière grecque permette d'aller plus loin dans les années qui viennent...
Par acquis de conscience, nous avons visité le petit musée local, nettement plus vieillot que celui de Mycènes. Une pièce a retenu notre attention : une comptabilité liée à la construction d'un temple, gravée dans le marbre. Quand on pense qu'aujourd'hui, en Grèce, obtenir une facture pour un achat n'a rien d'évident... On aurait dû les faire entrer dans l'Euro il y a 2400 ans, ils étaient prêts. Ils se sont lassés d'attendre, c'est tout...
Enfin, nous avons poussé jusqu'au stade, à l'ouest du sanctuaire. Car les "Asclépieia" n'étaient pas que concours de poésie en amphithéâtre mais aussi jeux panhelleniques liés au culte du dieu : courses de chevaux, courses à pied, etc. Le stade mesure 196 mètres de long sur 23 de large, on remarque encore la ligne de départ et les starting-blocks - 2 rainures dans une longue dalle de marbre. Les tribunes sont peu à peu mises au jour et restaurées.
Après ces trois deux à trois heures de visite, nous poussons un peu plus loin sur les conseils de notre logeuse naupliote (j'en reparlerai plus tard, car elle nous a bien guidés) et atteignons Palea (ou Archea, selon d'autres panneaux routiers) Epidavros. C'est un charmant petit port, très coquet, sans doute un lieu sympa de villégiature pour rayonner dans la partie est de l'Argolide. On déjeune de gyros pita, salade grecque, coca et bière Mythos dans un troquet près du port, le tout pour 17 ou 18 euros à trois, puis on file vers une petite plage au sud du port. Il y a là une taverne, des parasols des "sunbeds" et, dans une eau très calme et chaude, quelques restes d'un village englouti - amusant de le "survoler" en nageant avec masques et tubas. Moins drôle, on croise aussi une ou deux méduses flottant entre deux eaux. Jolis tentacules à ventouses un peu fluo...
Le soir, poulet grillé dans un boui-boui de la ville "nouvelle" de Nauplie, sur la route qui mène de notre chambre d'hôtes au centre. Terrasse sur le trottoir, anglais approximatif des tenanciers, mais que des Grecs autour de nous, en famille, mangeurs de poulet grillé et de frites. Tout est délicieux, et là encore, on s'en tire à moins de 20 euros pour trois. Ca se confirme : en Grèce, en dehors des îles et d'Athènes, on peut encore séjourner à petits prix.